Je ne connais pas personnellement l’acteur Elie Semoun. J’utilise uniquement mes connaissances de coach pour analyser sa personnalité à travers son dernier livre autobiographique : « Je grandirai plus tard. »
Elie Semoun pourrait se retrouver dans le personnage de Peter Pan. L’histoire a été inspiré par la vie de quatre petits garçons qui venaient de perdre leur papa. L’auteur partageait leurs après-midis dans un lieu public et inventait des jeux et des histoires pour les extraire un instant de cette réalité douloureuse.
Extrait du livre : « Quand on a mis tant de passion et d’efforts à inventer d’autres vies pour cacher la sienne, il est difficile de tomber le masque. »
Comme l’auteur, Elie a choisi un lieu public : la scène pour s’extraire de son quotidien douloureux.
A l’âge de 11 ans, il est confronté à une réalité insupportable : le décès de sa mère âgée de 37 ans. Ses parents lui ayant menti sur l’état critique de sa mère, la mort de sa mère a été un vrai choc. A cet instant, il met en place inconsciemment une stratégie de survie pour échapper aux incohérences de la vie, en se réfugiant dans l’humour et la musique. Ainsi, le quotidien sans sa maman lui paraît différent. Il trouve dans l’humour une forme de récompense, un instant où l’envie et le plaisir de vivre le motivent.
Extrait du livre : « J’ai créé un monde imaginaire qui m’arrange bien mieux que le quotidien, son agressivité, sa bêtise, son ignorance, sa cruauté qui heurtent la sensibilité d’un artiste ou d’un enfant. Pour moi, cela revient au même. »
A l’annonce du décès, l’acceptation pour lui est tellement insurmontable que la seule solution gagnante de survie qui lui soit donnée est de ne pas accepter sa vie telle qu’elle est, et cherche une autre façon de vivre.
Extrait du livre : « Quand on me demande pourquoi j’ai voulu devenir humoriste, la seule réponse qui me vienne est : « parce que ma mère est morte ».
A force de chercher à vivre d’une autre façon sa vie, à faire comme si les événements n’avaient pas exister, il ne se sent plus concerné et n’arrive plus à être présent à son quotidien comme il devrait l’être.
Extrait du livre : « Une forme de pacte avec la réalité, une couverture de survie. En ce qui me concerne j’ai dû m’arranger avec une douleur qui n’a jamais trouvé la porte de sortie.»
Un enfant face à une douleur indicible ne peut ni fuir, ni lutter, il ne peut que se soumettre. Or, il faut qu’Elie continue sa vie pour s’en sortir et il faut qu’il continue à avoir envie de vivre. Et ce qui permet à un individu d’activer la possibilité de vivre tous les jours, c’est le circuit de récompense qui active les besoins vitaux.
Ainsi, Elie continue à faire des expériences pour avoir envie de se lever le matin. Et son moteur de vie va devenir l’incohérence. Cette même incohérence qu’il a vécu à l’annonce du décès et qui a consolidé sa stratégie de survie. Il va passer son temps à passer d’une réalité vécue comme douloureuse à un monde imaginaire. Celui où l’enfant pouvait faire passer les adultes d’un état normal à un état totalement étrange et incohérent comme lorsqu’il s’amuse à jeter tout ce qui lui passe par la main du haut du 8ème étage pour voir la réaction de stupeur des gens : « le type le plus ballez peut pousser de petits cris de jeune fille, la femme la plus délicate peut se mettre à jurer comme un charretier, c’est fascinant. »
Son père l’ayant étiqueté comme un enfant insensible, le figeait dans une douleur muette. Extrait du livre : « J’étais à la hauteur du rôle que l’on m’avait attribué : le petit rigolo insensible qui se débarrasse de la vérité. »
Aujourd’hui, à l’âge adulte, il doit se libérer des rôles qui l’ont empêché de s’épanouir. Elie testera d’ailleurs son étiquette auprès de ses professeurs, mais aussi plus tard auprès de sa passion pour la nature aux antipodes de l’image qu’il renvoie. Cela lui permettra d’entendre des vieilles dames rencontrées à Jardiland lui dire : « Ah vous aimez les plantes ? » sous- entendu « Vous aimez la nature donc la vie ? »
Elie va commencer à être incohérent dans ses comportements c’est-à-dire qu’il va avoir un discours comme quoi il est sensible comme un enfant, à fleur de peau, à aimer jardiner et parler à ses fleurs et dans le même temps il va vous dire qu’il avait plaisir à voir l’effroi dans le comportement des êtres à qui il faisait peur volontairement. En faisant cela, il combat ses propres incohérences. Et en même temps, mettre de la cohérence partout, c’est dangereux, cela amène à la folie.
Extrait du livre : « Dans un ascenseur, j’ai très sérieusement appuyé sur le ventre d’un type, comme si j’appuyais sur le bouton du deuxième étage. C’est tellement fou, que la personne n’a même pas réagi. »
Elie régulièrement aura des comportements incohérents comme : « un autre jour, alors que je conduisais un camion de location, j’ai tout lâché et sauté à l’arrière de la cabine en lui criant « Prends le volant ! (…) j’avais juste envie de rompre la monotonie d’un voyage un peu ennuyeux. Jouer à se faire peur, toujours… »
Extrait du livre : « Mais c’est surtout parce que dès que je le pouvais, je m’échappais. »
Le problème c’est qu’à l’âge adulte dès qu’Elie vit une situation difficile, il y a une libération d’excès de dopamine qui est sécrétée et qui leurre sa conscience – comme la poudre de la Fée Clochette – du coup Elie s’échappe un instant, et va avoir des comportements incohérents voire puérils vis-à-vis des personnes qu’il aime.
« Ma maladresse est née d’une envie de faire rire, tout simplement. Je l’ai déjà dit, je réagis dans l’impulsion plus que dans la réflexion. Je ne sais pas être un adulte. »
Son mécanisme de défense qui l’a aidé enfant, va devenir un handicap dans sa vie d’adulte car il n’arrive pas à faire face aux réalités quotidiennes pour se protéger lui et son entourage.
Extrait du livre :« C’est en cela que je ne suis pas devenu adulte. Je n’aime pas les contraintes, je vis dans l’instant. »
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