Vous le savez, la clé de l’autorité comme pilier de départ est pour moi un indispensable. C’est pourquoi pour expliquer mon titre : « L’expérience transforme nos comportements », je prendrais des exemples concernant l’autorité.
Ces derniers mois, avec le coronavirus et tout ce qu’il a généré, m’ont d’autant plus montré du doigt l’importance de l’autorité. La vraie.
Entre mes consultations et les échanges que j’ai eu avec des proches ou des moins proches, j’ai chaque fois dû remettre au goût du jour que le pouvoir et l’autorité sont deux notions bien distinctes.
Prenons l’exemple de votre médecin. S’il vous dit : « Il faut soigner votre diabète sinon vous risquez de perdre un membre. » Soyons clair : c’est du pouvoir. Maintenant, « s’il vous explique ce qu’est le diabète, comment il se déclenche, les aliments nocifs et ceux qui sont vos alliés, c’est-à-dire s’il fait de la prévention, qu’il anticipe avec vous et vous accompagne en vous proposant des solutions telles que : faire du sport avec des amis, trouver un groupe de soutien, rencontrer une nutritionniste etc… »
Là, il fait de l’autorité. Cette autorité active chez vous le désir de prendre soin de vous – non pas pour lutter contre la perte d’intégrité (couper un orteil) ou la mort – mais bien pour vous responsabiliser.
L’autorité n’est que de l’anticipation. C’est parce que j’anticipe que je permets de sécuriser mon environnement. Si le gouvernement avait anticipé les masques ou les gels hydroalcooliques par exemple, ils auraient fait de l’autorité. Ils auraient protégé le peuple. Mais ils n’ont pas usé de leur autorité…malheureusement.
Prenons un autre exemple plus facile encore que celui du coronavirus.
Vous êtes en voiture et vous ne mettez pas votre ceinture de sécurité. Pourtant, la ceinture de sécurité constitue une anticipation parce qu’en tant qu’individu je dois craindre pour ma vie étant donné que je suis un être mortel.
Anticiper demande donc d’agir pour soi grâce à une information connue.

Pendant le confinement, étant une grande inconditionnelle de l’actrice Catherine Deneuve j’ai revu le documentaire sur Beyrouth intitulé : « Je veux voir » de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige avec Catherine Deneuve et Rabih Mroué.
Il y a un dialogue qui retranscrit bien cette notion :
Catherine Deneuve : « Feu rouge, feu vert, cela ne change pas grand-chose ici. Comment se fait-il que vous ne mettiez pas de ceinture ? Ce n’est pas obligatoire ici ? »
Rabih Mroué : « Après la guerre, il n’y a rien d’obligatoire. »
Catherine Deneuve : « En France c’est obligatoire. »
Rabih Mroué : « Avant la guerre, on était obligé sinon on payait. »
Catherine Deneuve : « Quand est-ce que vous allez reprendre des bonnes habitudes alors ? Ce n’est pas que je sois pour l’ordre, mais c’est quand même dangereux ».
Ce sont des personnes, ici Rabih Mroué, qui connaissent les risques, mais ils n’agissent pas. Ils ne mettent pas en pratique.
Anticiper veut dire aussi agir en posant des actes concrets.
Dans le documentaire, Rabih Mroué, pourrait avoir un conflit avec la discipline (étant donné la guerre), qui va engendrer la difficulté à acter pour protéger sa vie.
Catherine Deneuve, dans sa vie personnelle, a perdu sa sœur ainée dans un accident de voiture. Par expérience, elle sait que la voiture présente un danger possible. Ainsi, elle protège et incite son accompagnateur à mettre sa ceinture.
L’outil qui lui permet d’anticiper est son savoir acquis grâce à son expérience passée.
Cependant, les personnes coincées dans le déni ne consolident pas les expériences et risquent ainsi de ne pas anticiper.
Ici, Catherine Deneuve a consolidé une expérience négative lors de l’accident de sa sœur Françoise Dorléac. Dès que dans sa vie, quelque chose fait rappel à ce qu’elle a vécu, enregistré comme étant douloureux pour elle, immédiatement elle va anticiper et mettre en place ce qu’il faut pour ne pas se re-proposer la situation.
C’est pour cela que l’expérience et l’autorité sont très liées dans les apprentissages puisque l’anticipation ne pourra s’exprimer que si j’ai intégré les acquis de l’expérience. Et ainsi, je pourrais avoir naturellement des comportements adaptés.
Je remercie Isabelle Vautier pour les crédits photos de Catherine Deneuve.
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